Le maire de Gajac (Gironde), Bruno Dionis du Séjour, a fait parvenir une lettre ouverte aux parlementaires pour demander l’inscription des bruits ruraux au patrimoine national. Allant du chant du coq au bruit généré par les tracteurs, l’édile estime que « le rythme de la campagne et des choses […] qui la composent » devraient être protégés par la Constitution.
Meuglements des vaches, bruits des cloches, chant du coq ou encore tracteurs… Perçus comme des nuisances sonores par leurs détracteurs, ces bruits font partie intégrante du monde rural. Bruno Dionis du Séjour, maire de Gajac (Gironde), commune rurale comptant près de 400 habitants, veut que ces bruits soient inscrits au patrimoine national.
Jusqu’à l’Unesco ?
« Nous demandons que le chant du coq, l’aboiement familier du chien, la cloche de l’église, le meuglement des vaches, le braiement de l’âne et le pépiement des oiseaux soient proclamés patrimoine national », indique Bruno Dionis du Séjour dans une lettre ouverte qu’il a fait parvenir aux parlementaires en mai. Un moyen selon lui d’empêcher toute future velléité d’interdiction de ces bruits.
L’édile souhaite que l’ensemble du patrimoine sonore du terroir soit protégé par la Constitution. Son inscription dans le patrimoine national serait un premier pas avant une potentielle reconnaissance auprès de l’Unesco, avance le maire.
L’article 11 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel rappelle qu’il appartient à chaque État « d’identifier et de définir les différents éléments du patrimoine culturel immatériel présents sur son territoire, avec la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales pertinentes ».
Défense du monde rural
Le maire se fait le défenseur de la campagne face à ceux qui fustigent les nuisances sonores qu’elle peut générer. « La campagne est un tout, qu’il faut savoir accepter dans son ensemble », écrit l’édile tout en critiquant « l’égocentrisme » de certains concitoyens « d’origine urbaine la plupart du temps » qui déposent des plaintes contre les émetteurs de ces bruits.
Il défend notamment les agriculteurs et éleveurs dont le métier nécessite la possession d’animaux ou l’utilisation d’engins agricoles « parfois même le dimanche où, lorsque certains ont la chance de se reposer, d’autres n’ont d’autres choix que de travailler. »
Des plaintes pour nuisances sonores
Dans le collimateur de Bruno Dionis du Séjour, la multiplication de plaintes déposées à l’encontre des bruits ruraux. En Vendée, des habitants s’étaient plaints de la nuisance nocturne générée par les cloches de l’église. En février dernier, un maire de l’Oise avait pris un arrêté municipal contre les aboiements des chiens.
« Arrêtons de nous épuiser avec ses mesquines gesticulations procédurières qui semblent se multiplier un peu partout en France », précise dans sa lettre celui qui souhaite qu’aucun procès ne puisse être intenté aux émetteurs de ces bruits.
Vers une proposition de loi ?
Plusieurs édiles ont déjà affiché leur soutien au projet de Bruno Dionis du Séjour. Parmi eux, Yves d’Amécourt, maire de Sauveterre-de-Guyenne (Gironde).
Total soutien à Bruno Dionis du Séjour, Maire de Gajac(33), qui demande que le chant du coq, le meuglement des vaches, les cloches qui sonnent et d’autres bruits de campagne soient inscrits au patrimoine national : « Les petites communes se retrouvent face à des emmerdeurs ! »