Un sans-papiers pakistanais condamné à 7 mois de prison



Jugé pour avoir dégradé l’orgue de la basilique Saint-Denis et brisé deux vitraux, le sans-papiers pakistanais – confondu par son ADN – a nié, estimant qu’il subissait une injustice. Le procureur avait requis deux ans de prison dont un avec sursis.

Un Pakistanais sans-papiers de 41 ans a été condamné le 10 mai à Bobigny à sept mois de prison ferme pour avoir dégradé le 3 mars l’orgue et des vitraux de la basilique de Saint-Denis, qui abrite la nécropole des rois de France.

L’audience n’a pas permis d’éclaircir le mobile de ces dégradations. L’homme, au discernement altéré selon un expert psychiatre, ne s’est pas exprimé sur les faits reprochés. Elle s’est même finalement tenue sans lui après que la présidente eut constaté qu’il était impossible de rendre une «justice sereine» en sa présence.

Bâtiment emblématique de l’histoire de France

Elle venait de s’approcher du box pour s’enquérir de sa santé, l’homme étant apparu grimaçant, soutenu par deux béquilles en raison d’une jambe plâtrée. Dans un flot de paroles en ourdou et en anglais, il s’est époumoné à dire qu’il subissait une injustice, que sa femme et ses enfants étaient restés au Pakistan…

Il avait déclaré en garde à vue qu’il n’était jamais entré dans la basilique, mais a été confondu par son ADN, retrouvé sur les vitraux, et arrêté alors qu’il se trouvait dans un centre de rétention administrative. Les policiers pensent qu’il s’est servi d’un échafaudage pour s’introduire dans l’édifice en rénovation.

Des dizaines de milliers d’euros de préjudice

Jugé en comparution immédiate, après un renvoi de l’affaire en avril, il a été maintenu en détention par le tribunal correctionnel. Condamné pour les dégradations, il a en revanche été relaxé des poursuites pour vol. Le facteur de l’orgue avait estimé que 150 à 200 kilos de pièces métalliques avaient disparu. Le tribunal a considéré qu’«aucun élément objectif» ne permettait d’attribuer ce larcin au prévenu.

Le procureur avait requis deux ans de prison dont un an avec sursis, une condamnation «sévère» afin d’envoyer un «message clair» à ceux qui voudraient s’en prendre à la basilique – «bâtiment emblématique de l’histoire de France». Le centre des monuments nationaux ne s’est pas fait représenter à l’audience.

La remise en état de l’orgue a coûté 10 000 euros à l’Etat, propriétaire du monument, avait annoncé en avril Saadia Tamelikecht, conservatrice de la basilique qui attire près de 130 000 visiteurs par an. Les deux vitraux dégradés datant du 19e siècle ne pourront malheureusement pas être totalement récupérés. La restauration des vitraux en question est prévue pour 2020, avec un préjudice estimé à 40 000 euros.

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