Plus d’une semaine après l’incendie de Notre-Dame de Paris, les enquêteurs cherchent à déterminer l’origine du sinistre.
Les investigations « seront nécessairement longues et complexes », avait annoncé le procureur de Paris Rémi Heitz, le 16 avril, au lendemain de l’incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Une dizaine de jours après le sinistre, le point sur les éléments d’enquête.
L’hypothèse accidentelle, de multiples auditions
L’origine accidentelle est privilégiée. « ‘Rien aujourd’hui, ne va dans le sens d’un acte volontaire », précisait le 16 avril le procureur de Paris, qui a ouvert une enquête pour « destruction involontaire par incendie ». Mais pour l’heure, l’origine du feu n’est pas éclaircie.
Les débris calcinés vont être passés au peigne fin à la recherche du moindre indice. Au moins une cinquantaine d’enquêteurs sont mobilisés, avaient annoncé les autorités quelques heures après le sinistre.
Avant de pouvoir accéder aux lieux, dans l’attente qu’ils soient sécurisés, les investigations avaient débuté la semaine dernière avec l’audition de témoins. Le jour de l’incendie, une quinzaine d’ouvriers de cinq entreprises différentes avaient travaillé sur le chantier de rénovation. « Ces personnes ont été entendues en tant que témoins », avait indiqué le procureur de Paris.
Selon les auditions des témoins citées par France Télévisions, il n’y avait plus d’ouvrier sur place au moment où le feu s’est déclaré dans les combles de la cathédrale lundi 15 avril peu avant 19 heures.
« Les ouvriers disent ne pas avoir utilisé d’appareil électrique ce jour-là et disent avoir suivi la procédure de sécurité en quittant le chantier »
France 3
Des mégots retrouvés sur le chantier
Lors de leurs auditions, des ouvriers ont reconnu avoir enfreint l’interdiction de fumer, révèle ce mercredi Le Canard Enchaîné. Selon l’hebdomadaire satirique, les enquêteurs ont retrouvé au moins sept mégots sur les lieux.
« Effectivement, il y a des compagnons qui de temps en temps se sont affranchis de cette interdiction et on le regrette », a réagi l’entreprise Le Bras Frères qui montait l’échafaudage autour de la flèche de Notre-Dame. Si cette interdiction a été bravée, c’est qu’il était « un peu compliqué de descendre parce que ça prend du temps », a expliqué le porte-parole de l’entreprise Marc Eskenazi.
Mais l’entreprise assure qu’ »en aucun cas, un mégot mal éteint peut être à l’origine de l’incendie de Notre-Dame de Paris », faisant valoir que « si n’importe qui a déjà essayé d’allumer un feu de cheminée, ce n’est pas en mettant un mégot sur une bûche en chêne qu’il va se passer grand chose ».
« De toute façon, c’est exclu », a maintenu le porte-parole.
Un court-circuit ?
Selon Le Canard Enchaîné et l’Agence France-Presse, l’hypothèse d’un court-circuit serait étudiée. « Parmi les suspects », écrit l’hebdomadaire satirique, « les moteurs des ascenseurs des échafaudages et les boîtiers électriques nécessaires aux travaux. Sauf que tous ces équipements se situaient loin du point de départ présumé » de l’incendie.
C’est un des arguments cités par l’entreprise Le Bras Frères. Ces moteurs « ne posaient aucun problème ». « De toute façon, ils sont loin de la flèche alors que ce qui est établi c’est que l’incendie a démarré à l’intérieur de l’édifice », a-t-il argué. « En aucun cas, ils peuvent être responsables de l’incendie, a enchaîné le porte-parole.
Autre piste évoquée par le Canard Enchaîné : les cloches électrifiées, dont « les fils couraient les combles, placés à la demande du clergé ». Celles situées dans la flèche avaient retenti à 18h04. « Rien ne permet d’affirmer que l’alimentation électrique de ces carillons ait connu un court-jus à 18h04. Mais cette hypothèse est prise au sérieux par des experts », ajoute la même source.
Selon Marianne, « les enquêteurs de la brigade criminelle vont devoir entendre les responsables successifs de l’édifice pour tenter de comprendre qui a autorisé ou pas ces installations électriques dans les parties boisées ».