Des membres de la communauté rom ont été agressés sur fond de rumeurs de rapts d’enfants en Seine-Saint-Denis.
Des familles roms escortées dans leurs camionnettes par la police jusqu’à Paris, un homme roué de coups dans un supermarché de bricolage parce qu’on l’aurait pris pour un « voleur d’enfant ». La psychose liée à la peur des enlèvements d’enfants a pris des allures de chasse à l’homme en Seine-Saint-Denis et plus précisément de chasse aux Roms.
Plusieurs expéditions punitives
Plusieurs expéditions ont donné lieu à des arrestations dans le département, dans la nuit de lundi à mardi. Dans un communiqué publié mardi, le parquet de Bobigny parle de 19 personnes, «17 majeurs et deux mineurs», actuellement en garde à vue.
Cela a commencé à Clichy-sous-Bois, où vers 20 heures, un groupe de personnes porteuses de bâtons s’en est pris aux occupants d’un squat allée de Gagny, selon les éléments de l’enquête. « Les familles étaient terrorisées », rapporte une source policière. Elles s’étaient réfugiées sur le parking d’un centre commercial, avant de quitter la ville sous escorte des forces de l’ordre. Cinq personnes dont deux mineurs ont été interpellées par les policiers locaux.
«On ne peut pas organiser des milices contre une communauté !»
Une heure plus tôt, le maire (PS), Olivier Klein, et le commissaire de la ville avaient tenté de rassurer des habitants de leur soutien. Un rassemblement d’habitants inquiets, vivant à Clichy-sous-Bois et Montfermeil, s’est improvisé dans la soirée. Maire et policier les ont mis en garde aussi contre tout emballement ravageur. « S’il y a des faits à signaler aux autorités, alors il faut déposer plainte. Mais on ne peut pas organiser des milices contre une communauté ! » dénonce le maire de Clichy-sous-Bois.
Une heure plus tard, des violences éclataient aux portes d’un autre terrain, à Bobigny cette fois. Deux camionnettes ont été incendiées. Sept personnes ont été arrêtées, dont un mineur. A Bobigny toujours, vers 0 h 50, huit autres personnes ont été arrêtées. La présence de couteaux, barres de fer, bâtons, pioches a été signalée.
Des plaintes pour tentatives d’enlèvement déposées
Et dans le même temps, des familles poussent la porte des commissariats. Des plaintes ont été enregistrées dans plusieurs villes, pour dénoncer des tentatives d’enlèvement. Le travail de la police et de la justice consiste à démêler le vrai du faux.
«Ces signalements sont étudiés avec la plus grande attention par le parquet et les services de police», souligne le parquet de Bobigny. «Si des signalements d’individus ou comportements suspects ont été reçus par les services de police, aucun ne fait état d’un enlèvement ou d’une tentative d’enlèvement avéré», insiste le parquet.
Lundi, une habitante de Montfermeil nous expliquait avoir déposé plainte contre un homme qu’elle suspectait d’avoir voulu enlever son fils à l’arrêt de bus, après qu’il a mis « la main sur la tête de son enfant » et proposé de les raccompagner. « Il y avait une camionnette rouge à côté », explique cette mère paniquée, qui a reconnu celle qu’elle voyait « sur les réseaux sociaux ».
Des plaques d’immatriculation circulent sur les réseaux sociaux, avec des photos d’hommes et de femmes présentés comme des « voleurs d’enfants ».