Au palais de justice de Paris, quatorze accusés et près de 1.800 parties civiles se feront face aujourd’hui.
Un procès historique
Près de six ans après les attentats terroristes qui ont causé la mort de 130 personnes, le procès du tristement célèbre 13 novembre 2015 s’ouvre aujourd’hui. Il s’agit de la plus grande audience criminelle jamais organisée en France : quarante-cinq mètres de long sur quinze mètres de large, une capacité de 550 places et huit écrans géants.
Cette salle d’audience hors norme a été construite spécialement pour ce procès, au sein même du palais de justice de Paris. Baptisé « Grands Procès », ce lieu, qui a coûté 7,5 millions d’euros, devra également accueillir le procès des attentats de Nice de juillet 2016 et l’appel du procès des attentats de Paris de janvier 2015. Elle devrait ensuite être démontée à l’issue des jugements.
Le périmètre autour du palais de justice sera en outre sous étroite surveillance. La circulation des véhicules et des piétons sera limitée, et ce jusqu’au rendu des délibérés, qui est initialement prévu autour du 25 mai 2022. Lundi, le garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti a déclaré lors de la visite de la salle d’audience : « c’est un procès historique qui s’ouvre, c’est le procès de tous les superlatifs ».
Mise en place d’un périmètre de sécurité autour du Palais de Justice pendant le procès des attentats du 13 novembre 2015 qui débutera le 8 septembre.
Consultez notre communiqué de presse. pic.twitter.com/ssmpA23m2f— Préfecture de Police (@prefpolice) September 3, 2021
Vingt accusés, mais seulement quatorze présents
Pour la plupart des accusés, ils sont inconnus du grand public. Âgés de 27 à 40 ans, de nationalité française, belge, suédoise, algérienne ou pakistanaise, il seront treize à être jugés aux côtés du détenu le plus surveillé de France, Salah Abdeslam. Quant aux six autres accusés, cinq sont des cadres de l’État Islamique, présumés morts en zone irako-syrienne.
Déjà condamné à 20 ans de prison ferme pour ses actions en Belgique, Salah Abdeslam reste l’unique terroriste des commandos du 13 novembre à être encore en vie. Demain, il sera face à des centaines de rescapés et de proches de victimes. Après son arrestation à Bruxelles le 18 mars 2016, le Franco-Marocain de 31 ans s’était muré dans le silence, même avec ses avocats. Après avoir congédié ses avocats Sven Mary et Franck Berton il y a quelques mois, Salah Abdeslam sera défendu par Olivia Ronen, jeune avocate de 31 ans.
Lors de son dernier procès en 2018, l’accusé avait brièvement pris la parole, avant de se renfermer dans un mutisme absolu : « mon silence ne fait pas de moi un criminel. Les musulmans sont jugés de la pire des manières, il n’y a pas de présomption d’innocence. Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité à part Allah. Jugez-moi, je n’ai peur ni de vous ni de vos alliés ! ».
Attentats du 13 novembre: Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, espère « qu’à force d’entendre les victimes, Salah Abdeslam parlera » pic.twitter.com/nZJqWAZxn5
— BFMTV (@BFMTV) September 5, 2021
Un procès complexe
Au-delà des 1.800 personnes qui se sont constituées parties civiles, seront également présents pas moins de 330 avocats et des centaines de journalistes de 141 médias, dont 58 étrangers. Entre la salle d’audience et les salles annexes, 3.000 personnes pourront être accueillies pour suivre le procès.
Cette cour d’assises spéciale sera composée de cinq magistrats professionnels et sera présidée par Jean-Louis Périès. Quatre autres magistrats seront également présents pour assister aux débats et pour suppléer les membres de la cour en cas de défaillance. L’accusation sera quant à elle représentée par trois avocats généraux du parquet national antiterroriste.
En outre, le procès sera intégralement filmé pour les archives judiciaires, à l’instar de celui des attentats de janvier 2015. Huit caméras assureront l’enregistrement et la diffusion du procès dans les salles annexes. Instaurée en 1985, la « loi Badinter » autorise l’enregistrement des débats à condition que cela « présente un intérêt pour la constitution d’archives historiques de la justice ». Ce procès historique sera le quatorzième à appliquer ce dispositif, et le second pour des crimes terroristes.
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